Cette fois-ci nous sommes à Paris, ce qui nous change de l’irrésistible et non moins perfide Albion ou du marché de Kinshasa. Un mien ami à qui je racontais une délicieuse et pétrifiante anecdote dénichée sur la toile, m’a avoué en être le protagoniste, certes principal, mais surtout désespéré.
Ledit ami s’intéresse notamment aux milieux viticoles des autres mondes, c’est à dire que son regard porte loin, bien au-delà de la ligne congelée de l’Oural.
Ce jour là, il reçoit un producteur de vin de l’état de Maharashtra, à 180 km de Mumbaï (Bombay…), en Inde. Ce producteur a ses quartiers à Nashik, la Wine Capital of India, capitale indienne du vin -pas moins- qui borde la rivière Godovari (je vous abreuve de ces petits noms parce que leurs sonorités me font rêver).
Afin de l’amadouer, à moins qu’il s’agisse de faciliter les négociations ultérieures, le producteur de vin est reçu dans un des meilleurs si ce n’est le meilleur restaurant indien de Paris. Il lui revient de choisir le vin, et il opte pour « a very good Bordeaux » (un délicieux Bordeaux). Son collègue, qui vient de Pune ou Punvadi, deuxième ville de l’état de Maharashtra (ah ! ces noms ! vite, refaire mon passeport et aller voir…), confirme que le vin est bien « so delicious », tout simplement délicieux. Tous les convives opinent. L’ami aussi, car le vin est bon, et de regarder l’étiquette : Cabernet Sauvignon, R** M** 2006. Ne s’agit-il pas d’un vin produit par les caves V** à Béziers à partir de vin de Pays d’OC ? ! Ouille … Rectification –délicate– s’impose ; voilà l’ami qui s’apprête à entamer cet exercice fort périlleux, mais au moment où il ouvre la bouche … le sommelier du restaurant s’approche : « Alors, comment vous t
rouvez le Bordeaux ? Fine isn’t it? ».
Cela me fait penser à un ami émigré en Helvétie qui tient pour identiques les villes de Bordeaux et Béziers… Languedoc et Aquitaine : même combat ? ! Courage …
Marie-Victoire BERGOT pour la Radio du Goût.