J’ai lu récemment une histoire de cochon au pif absolument irrésistible, où comment résorber la surproduction d’affreuse piquette, car surproduction il y a encore et il y aura longtemps malheureusement, et car piquette rime avec pépettes.
Ça se passe au Japon… un chef en fourneaux, heureux expatrié, entend l’histoire étonnante du vieux nippon qui donne deux litres de vin quotidien aux cochons qu’il élève. Ni une, ni deux, il décide d’aller juger par lui-même, mais les aléas de la vie et l’appel du piano le retardent encore dans son excursion. A défaut d’avoir pu faire le voyage, il nous a donné les clefs pour y aller tous seuls comme des grands.
M. Misoka, le vieux nippon en question est donc éleveur de cochons. Il habite au pied du Mont Fuji, dans la région de Yamanashi, zone viticole dont la production est réputée pour sa quantité à défaut de sa qualité. Un jour, allez savoir comment ou pourquoi l’idée est apparue, il décide de modifier le menu de ses bêtes : désormais, ce sera vin blanc de qualité à tous les repas ! La vocation première de ces bestioles n’a pas changé pour autant : fin de carrière dans l’assiette d’un gourmet. L’effet p’tit coup d’blanc a donné une chair plus tendre que d’habitude, tout le monde est content.
Quelle ne fut pas la surprise de M. Misoka le jour où, faute de qualité en stock à la ferme, il essaya la piquette locale : ce vin de table plus acide rendait la chair des bêtes encore plus tendre et goûteuse ! Comme le dit si bien notre chef en fourneaux « c’est bien la première fois qu’un vin bas de gamme rend la viande heureuse ! »
Le cochon à l’eau est plus sportif, car il porte casaque bleue toque rouge (comment les distinguer les uns des autres sinon, je vous le demande) lorsqu’il s’engage dans l’épreuve du 400 mètres nage cochon. Irrésistibles cochonnets éclaboussant leurs adversaires. Au final, cette viande là doit être plutôt … nerveuse. Je me demande si la technique de préparation de M. Misoka aurait passé les contrôles antidopage lors des Olympiades du Cochon en juillet 2006 à Moscou.
Marie-Victoire Bergot. La Radio du Goût.