A quelques jours du quatorze juillet, prémisses officielles d’une époque tranchante à souhait, c’est à dire excessive, à quelques jours du quatorze juillet disais-je donc, je nous ai trouvé une bonne vieille histoire de guillotine citadine et lilliputienne.
Il y a quelques mois, un radis blanc géant s’est évertué à pousser dans l’asphalte ou plus exactement dans une fissure d’asphalte en bord de route, au cœur de la ville de Aioi, dans l’ouest du Japon. Ce radis qui avait la tête d’une petite carotte n’en était pas moins radis. Les habitants l’avaient surnommé « le radis qui a du cran », sa simple présence leur remontait le moral en cette période de marasme.
Un matin, un employé de la voirie qui s’apprêtait à attaquer la rue à coup de balai découvre, horreur et abomination, maître radis… décapité et sauvagement tailladé par un agresseur inconnu. La téli s’est immédiatement emparée de l’affaire, ce qui a permis de découvrir la tête du radis qui avait roulé un peu plus loin. Elle a aussitôt fait l’objet de soins intensifs et attentifs. Le jardinier en chef de la localité a d’ailleurs indiqué avoir placé cette pauvre tête dans de l’eau dans l’espoir de la garder vivante et de la faire fleurir.
Les habitants de Aioi, très choqués, ont pour certains fondus en larmes à l’annonce de ce crime atroce : la seule présence du radis urbain était un signe tangible de ténacité et d’intense volonté de vivre en ces temps difficiles, un modèle à suivre, bref, un héros. Je ne sais pas si la tête a fleuri, je pense qu’elle s’est plutôt rabougrie ; le héros d’Aioi ne pouvait désormais plus rien pour le moral des citadins.
Marie-Victoire BERGOT. La Radio du Goût.