Parmi les grandes tartes à la crème, il y a l’histoire de cet Anglais débarquant à Calais pour la première fois de sa vie, en ces temps bénis du tour d’Europe que se devaient d’effectuer les jeunes gandins pécunieux. Il voit une (belle) femme rousse et conclue virilement que toutes les Françaises sont rousses. Je recherche désespérément dans ma mémoire une histoire italienne de même farine, il doit bien y avoir une irrésistible Italien quelque part. J’ai fini par trouver la preuve que l’Italien est irrésistible. Sa gastronomie à tout le moins.
La nuit est tombée sur une plage calabraise. Le petit restaurant qui a pignon sur sable est bondé. Le gérant a allumé des guirlandes de lampes multicolores. Les convives sont fatigués et détendus après une journée un côté pile un côté face sur leur drap de bain, et dégustent avec plaisir les petits plats du chef. Tout est en place pour savourer la délicieuse lenteur des vacances. Quand soudain … c’est l’invasion.
Une soixantaine de minuscules tortues, fraîchement sorties de leur œuf, déboulent dans le patio et zigzaguent entre les jambes des dîneurs. Par l’odeur alléchées ? Aussi interloqués qu’abasourdis, les dîneurs en oublient de parler. Un grand silence tombe sur la gargote. Jusqu’à ce que l’un d’entre eux reprenne ses esprits et s’avise d’alerter le représentant local du wwf dont le travail concerne la reproduction et la vie des tortues de mer. Ni une, ni deux, celui-ci fait éteindre les guirlandes lumineuses, ramasse ces si petites tortues qu’elles ressemblent à des tortelettes (la coquille n’est pas dans le mot mais dans le sable de la plage), bondit dans son embarcation, fonce au large et relâche les petites gourmandes.
L’histoire ne dit pas si ces petites bêtes ont préféré les antipasti au fruits de mer ou au pistou.
Marie-Victoire BERGOT . La Radio du Goût
Source : http://www.australietours.com/images/upload/Image/Tortue2.jpg