L’annonce surprise par le pape de la gastronomie d’avant-garde, le chef catalan Ferran Adria, de fermer temporairement son restaurant El Bulli (trois étoiles au Michelin) a suscité des réactions contrastées à l’image des avis tranchés suscités par sa cuisine.
Pour le chef basque Martin Berasategui (trois étoiles), « la décision qu’il a prise comme tout ce qu’il a fait dans sa vie est sûrement longuement réfléchie (…). Il est à l’avant-garde et si aujourd’hui il prend ce chemin, il est certain que ce sera important pour la cuisine et les cuisiniers espagnols ».
Ami de longue date de Ferran Adria, Juan Mari Arzak dont le restaurant à Saint-Sébastien (Pays basque) affiche aussi trois étoiles, ne doute pas qu’Adria sortira régénéré de ses deux années de réflexion créative.
« Il veut réfléchir sur l’avenir de la cuisine et de la restauration à un moment où on ne sait pas où on en est », a-t-il expliqué à l’AFP en marge de Madrid Fusion, rendez-vous culinaire espagnol où Adria a fait son annonce.
« Il y a de la place pour tout le monde et la cuisine doit évoluer » a-t-il ajouté, qualifiant « d’idioties » les polémiques sur les additifs utilisés dans la cuisine moléculaire.
Le Français Joël Robuchon, qui avait renoncé en 1996 à ses trois étoiles face à la pression, comprend la décision: « Il disait +tu as eu raison. je te promets je m’arrêterai+ ». « Je ne savais pas qu’il le ferait si vite. Il y a eu toutes ces attaques contre la cuisine moléculaire… ça fatigue ».
Ferran Adria a cependant suggéré que ce n’était pas à cause des attaques qu’il faisait cette pause: « cela fait 25 ans que je vis avec le pour et le contre! ».
Parmi les détracteurs, le journaliste et gastronome allemand Jorg Zipprick, auteur du livre « Les dessous peu appétissants de la cuisine moléculaire », « espère que cette période de réflexion permettra à Adria de revenir sur le devant de la scène avec une cuisine saine et naturelle, sans additifs ».
Opposant viscéral à la cuisine d’Adria, le chef multi-étoilé catalan Santi Santamaria traite par le dédain l’annonce: « une opération de marketing » d’importance « secondaire » qui « convertit Madrid Fusion en Madrid-Bulli ».(Source AFP)
Si les attaques contre la cuisine moléculaire sont des « idioties », pourquoi les chefs réfusent en bloc d’afficher leurs additifs sur le menu. Une information disponible partout en supermarché… d’ailleurs on voit beaucoup de marques communiquer sur le fait qu’ils utilisent moins d’additifs, colorants et exhausteurs du goût. Dans l’esprit des consommateurs, ces additifs seraient donc pas si bons comme Adrià et Arzak le prétendent. En Italie, il y a depuis décembre 09 une loi « anti-moléculaire » qui oblige le restaurateur d’afficher les additifs qu’il rajoute. J’espère qu’on aura la même, je saurais finalement quel restaurant éviter à tout prix !