Chers amis Anglais, j’aimerais tant avoir un zeste de vos talents d’excentriques, la vie serait alors franchement rigolote. Celui-ci est cette fois encore sous les projecteurs. Oyez ! Oyez ! Des scientifiques on ne peut plus sérieux et raisonnables et des experts tout aussi sérieux et raisonnables de la Royal Society of Chemistry ont planché sur l’apport de la science à l’alimentation. Jusqu’ici tout va bien.
Pour étayer leur démonstration, ces doctes gens ont savamment étudié Oliver Twist, le roman de Dickens paru en 1838. Puis, ils ont fureté dans les archives historiques (l’histoire ne dit pas lesquelles) afin de reconstituer la recette du gruel, le fameux gruau que mangeaient Oliver et ses copains de galère. Une sorte de porridge très liquide, préparé avec des flocons d’avoine, de l’eau et un peu de lait. Deux fois par semaine, Oliver et ses copains goûtaient la version de luxe, avec ses quelques tranches d’oignons crus en assaisonnement.
Pour étayer leur démonstration, nos mêmes doctes gens se sont alors mis en cuisine pour ensuite proposer le gruel de luxe au public, la gamelle installée sur le trottoir devant les locaux de la Royal Society of Chemistry, à Piccadilly. Les commentaires vont bon train, il semblerait que le gruel soit bon aux dires des cobayes contemporains. Le chef cuisinier qui a mitonné ce plat avec amour, précise qu’à l’époque victorienne, les plus déshérités n’ayant pas le choix de leur alimentation, ce rata « c’était mieux que rien ». Cela dit, si vous choisissez de changer de régime alimentaire, une diététicienne nous rappelle que, certes le gruel est bon pour la santé, mais seulement dans le cadre d’un régime équilibré ! « Si vous mangiez uniquement un litre et demi de gruau par jour, comme Oliver, vous finiriez par en mourir », prévient-elle. A bon entendeur…
La petite madeleine de Marie-Victoire: Cruel gruel
Marie Victoire BERGOT/ laradiodugout.fr