Que veux-tu faire quand tu seras grand ? Je veux être docteur, chauffeur d’autocar et astronaute, répondait l’enfant à Iouri Gagarine dans mes premiers cours de russe. A cette époque préhistorique. Bien avant la chute du mur. Quand le russe était une langue aussi morte et inutile que le latin ou le grec ancien. Que veux-tu faire quand tu seras grand ?
Eh bien moi, cher Iouri, maintenant que je suis grande j’ai trouvé ! Moi aussi je veux trois métiers. Je voudrais être sainte, chercheur et margouillat.
Sainte, pas comme Sainte Geneviève qui a sauvé Paris, ni Sainte Blandine qui a servi d’amuse gueule aux lions, non, non, plutôt comme sainte Viviane, la patronne de la gueule de bois. C’est toujours utile pour se soigner, et moins nocif pour le foie que de reprendre un petit verre de la même chose au saut du lit le lendemain. Cela dit, il me reste un zeste de bon sens, car je connais les portes de sortie de ce boulot là : dévoration, crucifixion, écartèlement, ouille ouille ouille, aucune variante ne me plaît, alors je démissionnerai avant que cela sente le roussi.
Chercheur, mais pas en mathématique, car mon ego ne s’en remettrait pas. Le pauvre, il ne pourrait jamais avoir le Nobel, même pas en rêve ! A cause du monsieur du même nom qui n’a pas supporté que sa femme découche avec un mathématicien, non, non plutôt un truc à enrichir les dentistes ou les spécialistes de l’estomac trop sucré : chercheur en bonbon.
Et puis, margouillat (ma’gouillat, pas magouilleur), car ce petit zig là, avec ses ventouses rondes aux doigts de pattes grimpe sur les murs, se promène sur les plafonds, et craquette quand il a quelque chose à dire. Le grand truc des ventouses c’est qu’il peut alors attaquer le placard à confitures sans monter sur un escabeau branlant, et ouvrir les pots. Il n’est pas encore au point avec l’ouvre boîte alors macache pour les autres conserves.
Failli oublier de vous préciser que Iouri Gagarine a trouvé épatant ce gamin qui voulait une triple casquette. Quelle époque…
Marie-Victoire BERGOT/ laradiodugoût.fr