L’automne. Les feuilles tombent et les bouteilles sont vides. L’heure de refaire ses stocks c’est-à-dire de remonter sa cave en arpentant les allées de salons des vins et autres gourmandises. Malgré moi, malgré mon outil de travail à la main (un verre de dégustation), et des papilles en éveil, mes oreilles traînent. J’ai collecté pour vous quelques perles.
Un salon des vins en Bretagne, mais cela aurait pu se passer n’importe où ailleurs. Un monsieur d’un certain âge se plante devant le vigneron : Monsieur, qu’avez-vous de bon à me proposer. Pour boire rapidement. Je ne peux plus attendre. J’ai 84 ans.
Un salon des vins à Lyon, mais cela aurait pu se passer n’importe où ailleurs. Un monsieur dans la force de l’âge, donc jeune, n’est-ce pas ? !, qui demande au vigneron un vin à consommer rapidement car la vie passe si vite qu’il faut en savourer chaque instant, et qui sait de quoi demain sera fait. Et l’homme de repartir avec son carton. L’année suivante, même commande, même carton (nouveau millésime). L’année suivante, même commande, même carton (encore un nouveau millésime), et d’oublier le carton sur le stand le vendredi soir. Le samedi soir, le carton est toujours là. Le dimanche soir, les (grands) enfants du monsieur viennent récupérer le carton de leur père ; il avait eu une attaque cérébrale la veille. Comme quoi, nous devrions tous en prendre de la graine.
Un salon des vins en Haute-Savoie, mais cela aurait pu se passer n’importe où ailleurs. Un couple bien mis, au portefeuille visiblement rebondi, passe devant un stand champenois. La dame de s’écrier émerveillée : oh, regarde, ils ont sorti une cuvée anti-rides. Le monsieur de répondre un brin agacé : chérie, mes tes lunettes, il s’agit de la cuvée Antides. Je ne vous donnerai pas le nom du vigneron, mais sachez qu’il existe en vrai de vrai ! La dame aussi d’ailleurs.
J’aime les paroles qui volent au vent !
Marie-Victoire Bergot/ laradiodugoût.fr
