La petite madeleine de Marie-Victoire: Préparer l’hiver

 Avant d’hiberner, il s’agit de faire des stocks de graisse et de rondeurs. Je sais bien que la presse féminine dit le contraire et nous incite, nous les dames, à vivre à moitié affamées afin de pouvoir enfiler le jean de taille 32 qui va bien. Car voyez-vous, comment aller au marché, perchées sur des talons kikittes, un petit panier au bras, sans porter le jean de taille 32 qui va bien ? Et comment imaginer pouvoir s’émerveiller devant une œuvre d’art un soir de vernissage, sans ce même jean de taille 32 qui va bien ? Je ne parle même pas du simple quotidien qui ne peut se vivre sans le jean de taille 32 qui va bien. Heureusement, ladite presse féminine ne court pas les tanières des plantigrades, car insensibles à ces considérations esthétiques, ceux-ci comme celles-ci se préparent à l’hiver avec concentration et rigueur dès septembre.
 
Par exemple à Aspen, fameuse station du Colorado, voilà que Tom Isaac, allongé dans son lit depuis une vingtaine d’années suite à un accident de ski qui l’a laissé paralysé, Tom Isaac donc, assiste impuissant à la mise à sac de sa cuisine par Fat Albert, autochtone brun et velu. Deux heures de travail méthodique, et destructeur, on ne rigole pas avec l’hiver qui s’annonce. « J’avais deux kilos de chocolat. Il a tout mangé. C’est la guerre ». Tom, cher Tom, un ours dans sa cuisine c’est un choc, j’en conviens, espérer que l’animal se désintéresse de la chambre surtout quand on ne peut pas bouger, je partage votre inquiétude, mais franchement, deux kilos de chocolat, comment voulez-vous que la pauvre bestiole de 230 kg tienne l’hiver avec si peu ? !  C’est d’ailleurs pour cette raison que Fat Albert est revenu le lendemain ; les gardes forestiers l’ont trouvé en train de faire la sieste dans la salle à manger. A mon avis il attendait que Mme Isaac revienne du marché avec ses sacs de course débordant de victuailles…

Marie-Victoire Bergot pour laradiodugout.fr