Blois, son prestigieux Château royal…
Quel autre site du Val de Loire pouvait accueillir une exposition dédiée aux
festins de la Renaissance, où joie et art de vivre sont mis à l’honneur ?
Premier grand site du Val de Loire proche de Paris, demeure prisée de
nombreux rois, reines, favorites, dames d’honneur, le Château de Blois offre
une lecture de l’architecture française du XIII au XVII siècles par simple coup
d’œil sur les façades.
Cette lecture permet aussi d’imaginer la vie à la Cour ! L’escalier en pierre hors
œuvre du bâtiment, par exemple, premier escalier d’apparat dans une bâtisse
royale, laisse supposer l’apparition du seigneur des lieux, dans une mise en
scène théâtrale.
Les emblèmes royaux, « porc épic », « salamandre », « fleur de lys »,
fleurissent généreusement dans les pièces d’apparat comme des signes forts de
propagande et rappellent les différents personnages royaux qui l’ont habité.
« Festins de la Renaissance » : une exposition remarquée
Elle est exceptionnelle par le nombre d’objets rares, empruntés auprès de
collectionneurs privés, montrés au visiteur jusqu’au 21 octobre.
Autrefois on « dressait la table » : tréteaux et planches de bois faisait l’affaire
pour ce moment festif du repas et les serviteurs, nobles gentilshommes,
s’affairaient autour du « buffet » apportant mets et boissons dans une
chorégraphie ressemblant à un élégant ballet.
Le Dressoir, servait à supporter la vaisselle d’apparat.
La « nef » ou le « vaisseau », origine du vocable « vaisselle », véritable travail
d’orfèvre, œuvre d’art posée sur le Dressoir, servait à illustrer la puissance et
la richesse de l’hôte et de sa famille.
Il y a deux « nefs » exceptionnelles dans l’exposition.
Des tapisseries d’exception relatent le cérémonial des repas, le convive
principal assis sous le dais et la place d’honneur faite à l’Écuyer tranchant et au
Grand Échanson.
Les « pinces de doigts » de nos ancêtres laissent place au fil du temps à
d’étonnantes fourchettes, instruments du diable et marques d’excentricité. Une
remarquable vitrine les expose : fourchettes, à deux, trois, ou quatre dents.
Les fourchettes à trois dents reviennent à la mode aujourd’hui et les designers
contemporains en proposent des modèles…inspirés de la Renaissance.
L’ « Etiquette » à la Cour
Elle est mise en scène de façon discrète à chaque étape de l’exposition.
C’est l’ancêtre de Louis XIV, Henri III qui s’est fait l’initiateur et le chantre de
l’Étiquette et du Protocole en instituant une mise à distance du Roi d’avec ses
sujets.
Le cérémonial des repas, Petit Couvert (le roi est seul dans sa chambre), et
Grand Couvert (repas royaux publics, avec courtisans-spectateurs) et des
couchers royaux, admet alors une hiérarchie entre les courtisans selon un
Protocole.
La France, pays des manières raffinées va diffuser ce savoir-vivre partout en
Europe notamment au 18 siècle, période marquée par le rayonnement français
dans les Arts, les Lettres…et le Protocole.
Papilles et « Mamilles » en liesse au Château
Un repas style Renaissance est proposé pendant toute la durée de l’exposition.
Ce sont des dîners d’exception très prisés, il faut réserver.
Accompagnés de serviteurs en costumes traditionnels de l’époque et du son du
cor pour annoncer l’arrivée de chaque plat, c’est bombance!
Le vin d’Hypocras, confectionné à partir de vins clairets blancs ou rouges légers,
épicés de cannelle et gingembre, « à force d’en boire, on guérit sûrement » disait
Hippocrate, fondateur de la médecine moderne, est une mise en bouche tonique
et sucrée.
La volaille est recherchée, surtout « celle qui vole vers l’Eternel », proche du
Seigneur! Une poularde au « limon » olives et courgettes vous sera servie, en
seconde « escuelle », ainsi qu’une soupe de fraises au poivre doux, succulent
dessert en « issue de bouche ».
On aimerait se lécher les babines, mais on se retient…« Etiquette oblige » !
Un must !
Réservation : 02 54 90 33 32
Geneviève Guihard pour laradiodugout.fr