Un dimanche, se laissant aller, Castro termina un repas conséquent par dix-huit boules de glace», a écrit Gabriel Garcia Márquez dans son essai « A personal portrait of Fidel » (Un portrait personnel de Fidel) préfaçant l’ouvrage autobiographique» du Lider Maxino, « My early years » (Mes années de jeunesse). L’écrivain colombien était un ami et partisan de longue date du dictateur décédé le 26 novembre 2016. Il rappelait de temps à autre cette anecdote lors d’interviews. Parfois, Castro mangeait vingt-six boules de glace, et d’autres fois vingt-huit. Cela pourrait paraître ridicule, s’il n’y avait tant d’autres histoires étranges concernant l’amour que Castro portait à cette friandise crémeuse.
Histoire de goût; quand l’amour du lait de Fidel Castro a failli lui coûter cher…
Les biographies de Castro sont remplies d’anecdotes curieuses, de confrontations diplomatiques gênantes et de programmes impliquant des vaches, du lait et de nombreux autres produits laitiers.. La passion du dictateur pour les produits laitiers l’a conduit à se disputer avec un ambassadeur français à propos de fromage, à élever une race de «supervaches». Pire, au moins en une occasion, avec la complicité de la CIA et de la mafia, son amour immodéré du lait l’a presque mené à sa perte en 1961.
Quand Castro vivait à l’hôtel Habana Libre au début des années 1960, il dégustait régulièrement un milk-shake au chocolat au comptoir du bar de l’hôtel. C’était à l’époque ses « verres de contact » non alcoolisés. Mais en 1961, la CIA engagea des assassins de la Mafia pour empoisonner le repas lacté du dictateur. Richard Bissell, alors directeur adjoint de la CIA et responsable de la planification, se chargea d’offrir à Sam Giancana et à Santo Trafficante Jr, chefs des familles mafieuses de Chicago et Tampa, 150 000 dollars pour leur aide dans l’assassinat de Castro au moyen d’une pilule empoisonnée. Trafficante et Giancana en avaient après le dictateur. Castro avait fermé les casinos de La Havane, qui étaient pour eux une affaire lucrative avant qu’il n’expulse en1959 Fulgencio Batista, le dictateur soutenu par les Etats-Unis. Un serveur de l’hôtel devait glisser l’une des pilules dans le milk-shake de Castro.
La légende raconte que la pilule contenait de l’arsenic, mais, selon des documents de la CIA rendus publics en 2007, l’agence avait en réalité opté pour la toxine botulique, plus lente à agir, qui laisserait à l’assassin potentiel assez de temps pour s’enfuir. Seulement, le serveur conserva la pilule dans le congélateur de la cuisine de l’hôtel, où le froid la colla au revêtement intérieur. Lorsqu’il essaya de l’en arracher, elle s’ouvrit et le contenu empoisonné se déversa. L’assassin maladroit dut abandonner l’opération qui l’avait refroidi si j’ose dire. Mais Fidel avait eu chaud….
Christian Duteil/janvier 2023/laradiodugout.fr