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Y-a-t-il plus de plaisir à donner qu’à recevoir… même si on ne croit plus au père Noël qui a accompagné et enchanté notre enfance ?
Plaisir d’offrir, joie de recevoir : c’est l’équation gagnante que chantent les vitrines rouges et vertes des magasins aux passants à la recherche de cadeaux de dernière minute. Peut-on se soustraire aux étrennes rituelles de fin d’année ? Pas toujours simple. « Refuser de donner, négliger d’inviter, comme refuser de prendre, équivaut à déclarer la guerre », écrit l’anthropologue Marcel Mauss dans son Essai sur le don. De manière générale, l’échange traduit la manière dont les sous-groupes sont imbriqués, il est une matérialisation des relations sociales. Ceci amènera Marcel Mauss à dire que l’économique n’a de sens que comme une traduction du social. Pour lui, l’échange primitif est profondément différent dans sa nature de l’échange au sein de la société de marché et très éloigné de la logique de l’Homo œconomicus. « La raison profonde de l’échange-don vise davantage à être qu’à avoir. »
On peut néanmoins se poser la question qui nous taraude en ce vendredi 22 décembre : du père Noël aux vœux de Nouvel An, d’où viennent toutes ces traditions ?
Rituellement, le 31 décembre, les chaînes de télévision nous montrent des images de populations en liesse, qui s’embrassent chaleureusement en se souhaitant une bonne année. Nous avons pris l’habitude de nommer ces festivités en parlant du réveillon de la Saint-Sylvestre. Il faut pourtant rappeler que ce rituel n’a rien de religieux puisqu’il célèbre un événement lié à notre calendrier civil. Dans beaucoup de pays, le calendrier civil ne coïncide pas avec la calendrier religieux.
L’exemple le plus connu est bien sûr le Nouvel An chinois. Le changement d’année a toujours lieu entre le 21 janvier et le 19 février, mais la date varie d’une année à l’autre, car elle dépend de la deuxième nouvelle lune depuis le solstice d’hiver, quand le soleil se trouve dans le signe du Verseau. En 2022, le Nouvel An chinois débutera le mardi 1er février et durera jusqu’au 15 février.
Alors qu’en Chine, cette fête traditionnelle a une histoire vieille de 4000 ans, en Europe, la célébration du Nouvel An, le jour de la Saint Sylvestre, est beaucoup plus récente. C’est à l’époque de Jules César (100 av. J.-C. – 44 av. J.-C.) qu’a été imposé, à Rome, le nouveau calendrier qui faisait commencer l’année le 1er janvier. Au cours des siècles suivants, l’Eglise chrétienne a pris le relais en faisant coïncider la célébration du Nouvel An avec celle du prêtre Sylvestre, un pape Romain mort le 31 décembre 335, après avoir occupé le Saint-Siège pendant 22 ans.
Néanmoins, jusqu’à la fin du Moyen-Age, des différences notables existaient toujours entre les différentes régions du royaume de France car les événements religieux qui étaient privilégiés pour célébrer la nouvelle année n’étaient pas les mêmes partout. La Saint Sylvestre était parfois délaissée au profit de Noël, quand d’autres préféraient la fête de Pâques. Finalement, c’est l’intervention du pouvoir d’État qui permit d’imposer une date uniforme pour tout le royaume (…)
Christian Duteil/ 26 décembre 2023/laradiodugout.fr