Autrefois, les vins de Corbières souffraient d’une piètre réputation. Une qualité souvent médiocre affectait leur notoriété.
Aujourd’hui, ils sont multi-médaillés, plébiscités et recherchés par le consommateur.
Que s’est-il passé entre temps ?
L’énorme travail accompli sur la qualité des vins dans la vigne et au chai par une cohorte de vignerons bien intentionnés, explique la reconquête de notoriété de cette Appellation, mais également les atouts exceptionnels dont bénéficie le territoire des Corbières, atouts facilitateurs pour emprunter le chemin de la qualité.
Une mozaïque de grands terroirs, comme ces terrasses de gros galets amenés par l’érosion fluviale, un massif quasiment vierge de pollution, où garrigue, cistes romarins et chênes kermès buissonnants offrent autant de surfaces sauvages que de vignes.
Un vent fréquent qui assèche l’humidité, amenuise les maladies courantes de la vigne comme le mildiou et l’oïdium et favorise une conduite raisonnée très proche du bio.
Les ceps élevés dans ces paysages grandioses où la lumière est belle, y sont à l’aise!
En prime, les Corbières offrent un formidable potentiel en terme d’oenotourisme autour d’activités vigneronnes et soulignons l’excellent rapport qualité/prix des nectars produits.
www.20decorbieres.com
« In Grenache we trust »
En rouge, la trilogie habituelle des cépages, Grenache en tête, grand favori, en osmose avec le Carignan, plus fragile, sensible à l’oïdium, et le caractériel Mourvèdre.
Le Président Xavier de Volontat reconnaît qu’il serait intéressant pour l’Appellation de revenir sur ces trois cépages traditionnels, méditerranéens, très adaptés à la
région, qui donnent des vins épicés et leur identité à ce terroir unique.
A terme, cette trilogie de cépages aurait de l’avenir.
La syrah n’est pas un cépage méditerranéen, vieillit mal ici et a un côté facile, d’autant plus que le cycle végétatif de la vigne s’est raccourci que ce soient en vins
conventionnels ou vins bios.
Il serait judicieux dit il, de revenir sur des sélections massales : avec cette technique ancestrale, un défaut n’était jamais multiplié ; ce qui n’est pas le cas avec les
actuelles sélections clonales.
En blanc, seulement 3% de l’Appellation, cette niche de vins encore confidentielle, est en train de devenir une « success story ».
On retrouve avec bonheur des cépages uniques comme le « macabeu » blanc de blanc, cépage catalan qui vient mourir en Corbières, le « grenache blanc »,
la « roussanne », des touches de « bourboulenc » et de « vermentino » vieux cépage d’origine italienne.
Les rosés progressent comme le montre l’étonnant rosé « Tradition » , vendu au prix modeste de 5euros 50 du Domaine Rouire-Segur.
Une échappée belle dans les étoiles de la gastronomie:
« L’Auberge du Vieux Puits » à Fonjoncouse dans l’Aude Fontjoncouse…la vraie France profonde avec ses petites routes en lacets du bout du
monde… comme perdues en « terra incognita »…
Gilles Goujon, (voir et écouter le portrait réalisé par Thierry Bourgeon) immense chef triplement étoilé, nous offre une échappée belle dans les étoiles de la gastronomie à l’ «Auberge du Vieux Puits ».
Territoire de haute cuisine, du cousu main, une ambiance et un service au naturel pas guindé, pas coincé comme on aime.
On goûte en silence à la poésie des plats et leurs subtilités de saveurs.
On est bluffé par son plat fétiche, « œuf pourri à la truffe», plat de signature, ou bien le filet de rouget barbet sauce safranée sur rouille, autre plat de signature.
Tout est frais, une cuisine personnelle et inventive. Gilles fait son marché chez les producteurs locaux, va chercher ses poissons au marché de Port la Nouvelle, son volailler habite la ferme voisine…
Le mariage avec les vins de Corbières est un mariage d’amour, le terroir de grands produits réclamant un terroir de grands vins comme :
Le Chateau les Palais, Cuvée La Chapelle en 2001, domaine de Xavier de Volontat, la cuvée « Infernale » à dominante grenache , la cuvée « Sextant » à dominante carignan, année 2010, du caveau Les Celliers d’Orfée, à Ornaisons.
www.celliersdorfee.com
www.cuveesextant.com
Les nouveaux propriétaires ont reconstitué le vignoble historique de l’abbaye bénédictine de Fontfroide. Le terroir frais, donne plus d’acidité, moins de puissance aux tanins, en rouge et, en blanc, régalent d’un muscat petits grains, en vin sec.
A la fin du repas, les convives réclament la tête de l’impétrant et Gilles Goujon arrive jovial et souriant sans se faire prier…
Un grand chef.
Une grande cuisine.
Enjoy !
www.aubergeduvieuxpuits.fr
Geneviève Guihard pour laradiodugout.fr