Cette année encore, les 28 000 visiteurs sont la preuve du succès. Ils ont pu apprécier la qualité des démonstrations des chefs venus eux aussi en nombre (120). Ils ont certes parfois fait la queue pour les navettes, constatés le retard dans la programmation des ateliers ou des plateaux médias. Ce n’est pas par défaut d’organisation, les dizaines de bénévoles se sont mis en quatre. C’est sans doute la rançon de la réussite.
Le thème de cette année était sans doute inévitable mais risqué. Ce 7ème Festival avait choisi de mettre en avant les rapports entre les médias et la gastronomie. Il fallait s’y attendre le sujet n’aura été qu’effleuré. Le seul débat qui devait l’aborder sur le fond, et auquel je participais, a surtout brillé par l’absence de la star, le master chef Frédéric Anton, invité vedette et logique de ces étoiles 2012.
A sa décharge je retiendrai la charge qui pesait sur lui au cours de ces trois jours. Attention à ce que Mougins, paradis des saveurs ne devienne un enfer pour l’invité d’honneur. Souvent dépassé par l’évènement, il est sollicité de toute part, signant des autographes, posant pour des photos, répondant aux journalistes, présidant le concours du jeune chef. L’année prochaine, laissons le respirer, prendre du plaisir, déguster ses rencontres avec le public et ses collègues.
Le succès arrivant les tentations sont grandes. La « peopolisation» en est une. Certes il ne faut pas que les « Etoiles » deviennent le pèlerinage annuel d’une corporation en veste blanche. Vive l’ouverture, mais de grâce que l’on évite, pour attirer le badaud, d’accueillir des « vedettes » illégitimes dont on ne comprend pas les rapports à la cuisine.
Les Etoiles se sont éteintes, les paillettes, comme les plats de nos chefs, sont éphémères, mais le ciel de Mougins est rempli de promesses. Pour l’année prochaine on a retenu l’idée des spectacles du goût. Espérons qu’il ne s’agira pas de cette cuisine prise en otage pour servir le spectacle et le défi, mais de ce que la gastronomie peut inspirer de mieux sur les tréteaux.
Comme l’écrit ma consœur Paule Elliott sur son site: » …Le charmant et typique village médiéval impose son identité et a ses limites. Même au pays des paillettes et du soleil les « coups de feu » médiatiques s’estompent ; restent alors ceux que tous les chefs et leurs équipes affrontent dans leur intense labeur quotidien.
Ayant à cœur de préserver la recette, nul doute que les organisateurs sauront préserver la justesse, l’équilibre et les ingrédients qui ont fait de la fête de Mougins un véritable succès ».
Et surtout faites simple disait Curnonsky le Prince des gastronomes.
A Mougins c’est la clarté qui doit tomber des Etoiles.
Thierry Bourgeon. Septembre 2012. Laradiodugout.fr
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OUI gardons les bonnes valeurs SVP !
Lu sur le site de Gilles Pudlowski – Mougins: les Etoiles ne brillent plus pour tout le monde
Alain Angenost, notre correspondant de la Côte d’Azur, a moins aimé la manifestation des Etoiles de Mougins. Il dit ici pourquoi cette joyeuse rencontre gourmande perd peu à peu son âme.
Roger Vergé avait donné à sa ville d’adoption ses lettres de noblesse gourmande. Il fut, à juste titre, le premier parrain légitime des « Étoiles de Mougins », manifestation annuelle qui vient de fêter sa 7e édition. Lui ont succédé quelques uns meilleurs chefs de France : Christian Willer, Marc Veyrat, Émile Jung, Anne-Sophie Pic, Éric Fréchon. Avec les meilleurs produits à l’honneur, régionaux et transalpins, comme ceux de Davide Dalmasso, dont La Cambuse importe le meilleur de l’Italie, les démonstrations de chefs locaux ou internationaux, les concours de sommellerie, de jeunes cuisiniers et même celui des maires. Bref, le programme était alléchant.
En 2012, le festival voulant monter en puissance, malgré la crise, a fait place aux médias de la gastronomie, thèmes majeurs de ce millésime. Frédéric Anton, parrain de la 7e édition, et les participant(e)s, starisé(e)s par Masterchef et Top chef, signant des autographes sans compter, les nombreux autres chefs présents en étaient presque invisibles. Signe que cette manifestation festive et bon enfant commence à perdre de son âme. Pourtant les moyens étaient là: affichage, écrans et barnums géants. La presse parisienne invitée à grands frais a totalement éclipsé les médias locaux – quasiment ignorés. La télé est-elle devenue un miroir déformant pour les jeunes qui se voient chanteurs, footballeurs et maintenant cuisiniers ? Trop de « peopolisation » tue le message. Car ce métier est difficile, et il serait vain de croire ou laisser croire que l’on peut en être une star du jour au lendemain.
Revenons alors aux valeurs premières: apprendre et partager. Moins de showbiz, et les Étoiles de Mougins retrouveront leur éclat.
Publié le 2 octobre 2012 par Gilles Pudlowski
http://www.gillespudlowski.com