Cela fait bien rire les paysans, fermiers, agriculteurs de Navarre, mais le phénomène est bien là. Crise oblige les français découvrent ou redécouvrent les poulaillers. Rien ne vaut un œuf frais bien de chez soi, alors, on se rue vers les kits. Au dernier Salon de l’Agriculture on prend des contacts à tour de bras avec des revendeurs qui ont eu la bonne idée d’être là, et sur la Toile les poulaillers à construire soi-même se vendent comme des petits pains. La Radio du Goût ne pouvait échapper à cette ruée vers les poules. Nous avons donc, nous aussi, cédé à la tentation des œufs bio en nous lançant dans ce qui se révèle être une véritable aventure.
Tout commence donc par une commande sur Internet. Notre choix s’est porté sur le site vivelevage.com et sur un modèle de luxe à plus de 700 € comprenant un grand poulailler modulable, un abreuvoir de 15 litres, une mangeoire de 5kg, un produit désinfectant… Livraison à domicile garantie dans les deux semaines. Quatre semaines donc plus tard le colis arrive au Clos Marot, siège de la Radio du Goût en Périgord. En fait quatre colis au total, d’un poids remarquable. Le livreur essoufflé n’en revient pas. « Mais qu’est ce qui leur prend, me dit-il, je n’arrête pas de livrer des poulaillers, on croirait qu’ils se sont tous donné le mot ! »
A peine est-il parti que je me lance dans le montage du kit en question. Ce sera une formalité, j’ai déjà monté dans ma vie une bonne dizaine de cuisines IKEA. Pour un poulailler c’est une affaire de quelques heures… C’est vrai qu’après une bonne journée de jurons, de montage, démontage et remontage le poulailler est là, magnifique, près à accueillir un beau coq et ses compagnes. Enfin presque. Il sera prêt deux semaines plus tard.
Car un poulailler, ça ne suffit pas. Il lui faut des fondations. Il lui faut également une volière. Une volière ça ne suffit pas, il faut la protéger du renard, des fouines et du blaireau qui rodent. Le grillage ça ne suffit pas, il faut qu’il soit pris dans une tranchée de 30 cm de bêton pour que Maître Goupil ne creuse pas dessous. Imaginez le chantier ! Une forêt de poteaux pour supporter également un toit de grillage, car un filet ne suffit pas… Ah j’oubliais le passage de l’ensemble à la lasure chêne doré.
Tout est enfin prêt. Je suis allé chercher 6 poules de luxe et un cop au marché de Sarlat. Tout ce petit monde a intégré la maison close trois étoiles, le lupanar hors concours et hors de prix .
Je passe sur la mort subite de la rousse Raymonde, l’acharnement du coq Renatto qui, ergots en avant s’en prenait aux mollets de mes petits enfants et qui a fini au congélateur. Je l’ai remplacé par Alban, un ténor sur le barreau dès 5 heures du matin. Le chant du coq allait devenir le chant du cygne de nos locations d’été. Mon congélo débordait. Recette miracle : la trappe automatique avec programmation électronique de l’ouverture à 9 heures du mat. Un bijou de technologie, made in Germany. Ma carte bleue en pleure encore. Mais Alban et sa bande coulent des jours paisibles et mes clients des nuits câlines.
Deux ans plus tard, le toit de « goudron vert » a commencé à se sentir mal, les poules aussi les jours de pluie battante. Qu’à cela ne tienne, quelques bonnes tuiles mécaniques feront l’affaire. Tu parles. Tu sais combien ça pèse une tuile mécanique et il en fallu plusieurs dizaines.
Me voilà donc à consolider le poulailler d’origine pour pouvoir supporter cette nouvelle couverture. Une reconstruction totale de l’édifice qui n’a plus rien du modèle original. A suivre…
Vous reprendrez bien de l’omelette. Les œufs sont maison !
Thierry Bourgeon. Mai 2014/ laradiodugout.fr