A table avec les grands personnages de l’histoire

A_table_avec_COUV.inddLivre festif à l’iconographie foisonnante, qualifié de « livre objet » par les Editions Ouest-France car surgissent des feuilles, des recettes sur papyrus, un livret de « bonnes manières de table » d’Érasme ou bien encore un menu du XVIIIe siècle.
 
Mais s’il n’était que surprises, voire gadgets, « A table avec les grands personnages de l’histoire » n’aurait qu’un intérêt limité.
L’auteur est ingénieur agronome et sociologue, et il n’oublie jamais de resituer dans un contexte plus large les rapports à la nourriture et à la santé qu’ont entretenus ceux qui à plusieurs titres ont eu du pouvoir.

Il n’hésite pas au passage à tordre le cou à certains mythes. Comme celui des pâtes que Marco Polo aurait rapportées de Chine. Réalité plus prosaïque : ce détail a été inventé de toute pièce par, le Macaroni journal,  revue de l’association des fabricants de pâtes
américains, dans les années 20.
Mais on apprend que Marco Polo a été très impressionné par les moeurs étranges des Tartares, des tribus nomades : » le guerrier tue un animal, détache son poitrail dont il se sert comme d’une marmite pour faire bouillir sa viande sur le feu et mange donc le contenant comme le contenu « . Manger ou boire contenant et contenu, c’est aujourd’hui
une piste de recherche retenue par certains designers alimentaires pour éviter les déchets.
Catherine II de Russie qui a ordonné la culture de la pomme de terre sur son empire mangeait peu mais elle se distingue au réveil par les boissons qu’elle avale.
Du café très fort, à l’époque le breuvage est réservé aux hommes, et un verre de madère sur les conseils de son médecin. C’est pratiquement le seul vin qu’elle boit.
Érasme, lui, conseillait aux jeunes de ne jamais en boire. Il faut dire que ses arguments ont de quoi effrayer : « Voici les récompenses de ceux qui ont la passion du vin : des dents noires, des joues pendantes, l’engourdissement de l’intelligence et une vieillesse prématurée. »  En revanche, le vin a toutes ses lettres de noblesse dans la Grèce Antique où les hommes en abusaient même s’ils le mélangaient à  de l’eau. Le vin qu’ils répandent en hommage aux dieux et qui leur sert à se distraire.Le lancer de vin est un jeu à la mode : de son lit de banquet, le joueur vise une cible avec sa coupe remplie, en prononcant le nom de la femme qu’il désire.
S’il l’atteint, son voeu a des chances d’être exaucé.
Au Moyen Age, l’alimentation d’un individu doit refléter son statut social et son sexe. La femme doit toujours manger moins que son conjoint.

Les légumes dont on dit aujourd’hui qu’ils sont plutôt consommés par les classes aisées sont délaissés par les aristocrates. Avec le pain noir et les bouillies de céréales, ils constituent la base de l’alimentation des paysans. Or les nobles sont obligés de se distinguer d’eux car ils les méprisent. Eric Birlouez ajoute  par ailleurs que les légumes sont issus de la terre et que des 4 éléments créés par Dieu, (le feu, l’air, l’eau et la terre), elle est sur le plan symbolique le moins noble…
 
Voilà donc quelques exemples que vous livre cet ouvrage. Il y en a plein d’autres naturellement qui se lisent très facilement. Certains se rapportent à une histoire bien plus proche comme celle des Présidents de la Vème République. Et comme tous les textes sont écrits sous forme d’encadrés, pas d’indigestion en vue ! Ils se lisent en feuilletant les pages sans ordre pré-établi.

Isabelle Monrozier. Février 2013/ laradiodugout.fr
A table avec les grands personnages de l’histoire
Editeur: Editions Ouest-France.
Auteur: Eric Birlouez.
Prix:  27 Euros.
ISBN: 978-2737358517
Parution: Novembre 2012

Aux Editions Ouest-France, Eric Birlouez a publié A la table des seigneurs, des moines et des paysans du Moyen Age, et Festins princiers et repas paysans à la Renaissance.