Quinze des chefs français les plus prestigieux, emmenés par Joël Robuchon et Alain Ducasse, ont demandé mardi aux pouvoirs publics de soutenir le rayonnement de la cuisine hexagonale face à la concurrence d’autres gastronomies, notamment en Espagne ou en Scandinavie, qui bénéficient d’aides gouvernementales pour se faire connaître.
Ces cuisiniers, parmi lesquels Michel Guérard, Marc Haeberlin ou Yannick Alléno, insistent sur la santé de la cuisine française, toujours très demandée à l’étranger et qui continue de former de nombreux chefs de toutes nationalités. Mais ils ont regretté d’être beaucoup moins soutenus que leurs confrères de certains pays, lors d’une conférence de presse à la Tour Eiffel.
La récente compétition du Bocuse d’Or, fin janvier à Lyon, a couronné trois chefs nordiques sans que, pour la première fois, la France apparaisse dans le trio de tête. « Ces cuisiniers sont bien sûr très bons », souligne Anne-Sophie Pic. Mais ils « bénéficient aussi de budgets importants » pour se préparer dans des conditions optimales et d’une importante « communication institutionnelle », poursuit Yannick Alléno.
Certains pays dégagent « des budgets gigantesques » pour monter des manifestations de promotion de leur gastronomie, alors que la France peine parfois à exporter ses produits alimentaires malgré leur qualité, souligne Alain Dutournier.
Alain Ducasse cite en exemple le salon Madrid Fusion, l’un des plus importants d’Europe consacré à la cuisine, dont le budget s’élève à 3 millions d’euros: « Faire rayonner encore mieux la cuisine française, cela passe par de l’argent », affirme-t-il. « Nous avons besoin du soutien de nos politiques, qui n’ont pas pris la mesure (…) de notre poids économique ». Parce que « la compétition existe, et elle est féroce ».
L’association des chefs, baptisée Collège culinaire de France, « n’a rien d’une armée de défense », remarque Guy Savoy. Mais il s’agit d’arrêter « de nous auto-flageller, pendant que les autres font beaucoup de bruit », explique-t-il.
« Nous pratiquons un métier d’humilité, mais il faut pouvoir faire entendre sa voix », a soufflé à l’AFP la discrète Anne-Sophie Pic, seule femme chef honorée de trois étoiles en France, en marge de la conférence de presse.(Source: AFP)