Décidement la cuisine scandinave n’en finit pas de s’imposer. Dernier exemple en date, le grand chelem réalisé à Bruxelles par les chefs venus du Nord à l’occasion de la remise des Bocuse Europe. C’est le chef norvégien Orjan Johannssen qui remporte le trophée. L’an dernier c’était le chef étoilé danois Rasmus Kofoed qui recevait à Lyon le Bocuse d’or . Depuis le Danemark, la Norvège, la Suède un mouvement s’est créé par des jeunes chefs qui ont souvent commencé leurs parcours en France avant de retourner chez eux pour y déployer leurs idées. On les retrouve de plus en plus sur la scène des grands festivals gastronomiques à travers le monde.
Ce sont les frères Pourcel qui l’écrivent dans leur blog: « Las des ingrédients traditionnels et luxueux, ils lancent une nouvelle tendance culinaire. Mise en avant des produits locaux, promotion de la fraîcheur, de la simplicité et des valeurs éthiques chères à leur région, ils se sont associés pour lancer un manifeste dans lequel apparaissent ces idées. Stockholm, Malmö, Oslo ou Copenhague sont à présent sublimées par les mélanges créatifs et audacieux de ces nouveaux chefs »
C’est vrai que les regards se portent de plus en plus vers l’Europe du Nord lorsque l’on évoque la cuisine la plus créative et la plus contemporaine du moment.
Mais comment ces trois pays, peuplés de cinq à neuf millions d’habitants, sont-ils parvenus, en moins de six ans, à se hisser au sommet de la hiérarchie mondiale de la gastronomie ?
Pour Philippe Boé de VSD: « C’est Rene Redzepi (le chef du restaurant Noma considéré comme la meilleure table du monde d’après Restaurant Magazine) qui a décomplexé cette nouvelle génération de cuisiniers vikings, en lançant son « manifeste nordique», directement inspiré des dix commandements de Christian Millau et Henri Gault (en 1973). Dans sa bible, le chef danois préconise de ne cuisiner que des produits locaux, comme les baies sauvages ou l’oie de Scanie en Suède, la salicorne du Jutland ou les fameuses asperges du Lammefjord, au Danemark. Sans oublier le king crabe, l’omble chevalier arctique, ou bien encore le cabillaud et le saumon de Norvège, issus de fermes aquacoles. Totalement dans l’air du temps, poursuit Philippe Boé, cet esprit « locavore », respectueux de l’environnement et du développement durable, se répand un peu partout dans le monde« .
Le 27 janvier 2011 le Danemark, la Suède, et la Norvège se retrouvaient déjà sur le podium du Bocuse d’Or à Lyon. A l’époque la Radio du Goût publiait un dossier intitulé « Le sacre de la cuisine scandinave » dans lequel j’écrivais: « Regardez les bien. Ils sont jeunes. Ils ont un talent fou. Ce sont les héros du jour. Ces mousquetaires scandinaves nous préparent peut être une petite révolution. On s’extasiait devant les molécules espagnoles,nous n’ avions d’yeux que pour les tables asiatiques et pendant ce temps ils nous mijotaient cette cuisine légère et subtile venue du Nord. On la connait peu. Il va falloir s’y mettre. »
C’est fait. A Table!
Thierry Bourgeon. mars 2012. laradiodugout.fr
LES PETITS PLATS SCANDINAVES DANS LES GRANDS AU BOCUSE EUROPE 2012