Est-ce beaucoup de chance ou beaucoup de malchance ? En cette belle soirée de printemps, l’homme conduisait tranquillement, fenêtre ouverte, le coude sur la portière, quand il a reçu une saucisse congelée sur le nez qui s’est cassé en saignant abondamment (le nez, pas la saucisse). Le porte-parole des services ambulanciers de l’Essex (c’est en Angleterre, bien sûr) qui a pris en charge la malheureuse victime a souligné qu’il n’avait encore jamais eu droit à une histoire pareille. A mon avis, il n’avait jamais lu le coup de gigot de Road Dahl, pourtant antérieur à cet attentat :
Alors Mary Maloney fit simplement quelques pas vers lui et, sans attendre, leva le gros gigot aussi haut qu’elle put au dessus du crâne de son mari, puis cogna de toutes ses forces. Elle aurait pu aussi bien l’assommer d’un coup de massue […]. Ça y est, se dit-elle. Je l’ai tué ! Elle alla dans la cuisine, alluma le four et mis le gigot à cuire.
[…] Les deux détectives restèrent, ainsi que les deux agents. […] Vous savez, madame Maloney, votre four est toujours allumé, et la viande est dedans ! …
La littérature n’est pas perdue pour tout le monde car en Australie, un voleur s’est armé d’un poulet congelé préalablement dérobé dans une boucherie de Macksville au nord de Sydney, pour aller fracasser la porte d’entrée d’un café dont il prévoyait de vider la caisse. Lecteur au souffle coupé de cette phrase trop longue, sache que le malfaiteur s’est –lui– coupé les veines du poignet à cause du carreau mal brisé. Il a cru mourir dans un bain de sang. Paniqué, il s’est empressé d’appeler les urgences. La police a cueilli le jeune bécasson de 20 ans à sa sortie d’hôpital.
La maréchaussée a donc ouvert une enquête pour la saucisse, trouvé le coupable pour le poulet, mais n’aura pas mangé les armes du crime.
Marie-Victire BERGOT pour la Radio du Goût.