L’un des grands chefs français de l’après-guerre, Charles Barrier, qui officiait jusqu’en 1996 dans son restaurant éponyme à Tours, est décédé, à l’âge de 93 ans. Précurseur de « la nouvelle cuisine », il a influencé de jeunes talents et notamment Joël Robuchon dont il a dit: » même si j’en ai eu deux, c’est presque mon fils. Je l’ai connu à ses débuts. Il a toujours été fidèle. C’est curieux, mais on se vouvoie toujours ».
Né en 1916 à Cinq-Mars-la-Pile (Indre-et-Loire), au sein d’une famille paysanne de huit enfants, il commence sa carrière à 12 ans comme apprenti pâtissier, puis fait ses armes « Chez Bouzy », un restaurant de Tours.
Sa formation se poursuit dans de prestigieuses maisons qu’étaient à l’époque le « Paris » à Monte-Carlo, et le « Majestic » à Vichy, avant d’ouvrir son propre restaurant à Tours.
En 1955 il obtient sa première étoile « Michelin ». Il est sacré Meilleur Ouvrier de France (MOF) en 1958: « Le hasard a voulu que je sois le premier concurrent à réussir le concours du premier coup », disait-il.
Son restaurant devient célèbre: deuxième étoile en 1960 et la consécration suprême en 1968 avec la troisième étoile. Dans les années 1970, les personnalités fréquentaient sa table, notamment Georges Pompidou et Michel Debré, pour y savourer sa « terrine des trois poissons », le « saumon de Loire fumé à la maison », la « fricassée de poulet au vinaigre de framboise » ou encore le « sorbet de thé au lotus et miel d’oranger ».
En 1996, à 80 ans, il avait vendu son restaurant, tout en continuant à former Hervé Lussault, le nouveau chef du restaurant « Charles Barrier », qui compte aujourd’hui une étoile dans le guide Michelin.
La Radio du Goût présente ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches.