La Petite Madeleine de Marie-Victoire: Petit précis de dégustation belge

tasting-2008-082En me promenant sur la toile, je tombe il y a quelques mois sur un délicieux enseignement que je me dois de partager. L’auteur est caviste en Belgique. Je ne vous en dis pas plus. Pour les curieux allez donc fureter sur son blog, pour les autres, profitez donc de ses petits conseils (caviste, c’est à vous) :

D’abord prenez le temps d’observer la couleur du vin en silence et pendant au moins cinq longues minutes. Vous devriez déjà attirer les premiers regards. Ensuite, après une longue inspiration, dites : « quelle limpidité et admirez ces larmes dues au glycol ». Vous venez de marquer vos premiers points.

Puis, il vous faudra renifler à petits coups (un peu comme un chien sentant le derrière d’un congénère) d’un air profond et mystérieux. Moment délicat numéro un, vous devez maintenant faire tournoyer le vin dans le verre (prenez garde à ne pas inonder le voisin et perdre ainsi toute crédibilité). Répétez cette opération plusieurs fois, afin de bien montrer votre sérieux et votre concentration. Ensuite, allez y joyeusement. Lancez vous dans un festival de qualificatifs et adjectifs en cascade. Vous noierez ainsi vos auditeurs médusés par le flot de vos paroles et de votre science supposée. Utilisez des odeurs inusitées (platane frais, baobab centenaire, dysenterie de lynx… les animaux ça marche toujours !). Surtout pas d’odeurs simples et facilement identifiables, malheureux !!!

 

Vient ensuite le moment de la mise en bouche. Hé oui, on ne boit pas, on crache et si possible en gardant sérieux et dignité. Il vous faudra grumer (faire pénétrer de l’air dans la bouche tout en y gardant le vin ; un conseil, entraînez vous d’abord avec tous les liquides qui vous passent sous le nez, attention pas le gel douche du matin, bizarrement ça marche moins bien). Grumez donc longtemps, mystérieusement… Crachez, ne dites surtout pas un mot, et recommencez. Normalement, à cet instant votre auditoire conquis attend vos paroles divines.

 

C’est votre grand moment… lâchez vous ! Improvisez après ces mots : « après rétroolfaction… » (formule magique éprouvée) lancez vous joyeusement dans une anecdote d’enfance que ce vin vous évoque, un souvenir amoureux, qu’importe à ce stade votre public ébloui boit vos paroles. N’oubliez tout de même pas quelques adjectifs pompeux et obscurs (monolythique, empyreumatique…) pour entretenir le mystère. Parlez enfin de la persistance aromatique, pour finir en beauté. Tentez enfin quelque accord hasardeux avec un plat le plus compliqué possible. Cela finira de ravir votre auditoire qui se lèvera probablement pour une standing ovation bien méritée.  

Alors on dit merci qui ? 

Moi, je dis merci Sandrine !

Marie-Victoire Bergot. laradiodugout.fr

Photo: ©J.B Bourgeon

 

Lien vers le site de Sandrine (ses avis et commentaires sont très savoureux)

http://vinsetgourmandises.wordpress.com/