A chacun ses faiblesses et ses petites manies. Pour ma part, si je ne peux pas lire, je deviens au mieux chèvre, au pire insupportable. Alors, les jours de disette ou de famine je me rabats sur tout ce qui passe : les ingrédients du paquet de biscuits, les publicités bavardes et mêmes les publireportages qui sont pourtant d’un ennui sans nom.
Ce soir là, la chance m’a sortie du fond du puits. Un cahier de huit pages spécial Russie, et qui serait resté spécial ennui si je n’avais pas lu ce petit article là, un joli conte de Noël.
Une journaliste russe de la Gazeta se promène place des Vosges à Paris, un soir de grosse déprime, qui se trouve être un 24 décembre. Elle rêve d’une seule chose : se saouler plus que sérieusement pour oublier. Elle passe devant un clochard qui semble habiter ce petit coin de Paradis. Il lui taxe une cigarette. La regarde. Lui tend sa bouteille de rouge. « Tu les auras tous ! » et éclate de rire. La belle étrangère s’assied à côté de lui en allumant une cigarette puis ils trinquent à Noël et à leurs solitudes respectives. Le lendemain elle lui offre un tire-bouchon.
Depuis, chaque Noël, elle achète une bouteille de rouge et lui rend visite. Il sort son tire-bouchon. Ils trinquent et fument, côte à côte. Ils discutent tranquillement puis elle se lève et reprend sa vie, lui la sienne. Ce clochard céleste est toujours là le 24 décembre, pourtant il lui arrive de quitter son petit coin de Paradis le reste de l’année.
L’histoire est vraie. Ou fausse. Est-ce important. Un conte prend sa source dans nos vies, puis nous l’embellissons.
Marie-Victoire BERGOT. laradiodugout.fr
Que le conte soit vrai ou faux… je passerai le 24 décembre au soir place des Vosges avec une bouteille du Domaine de l’Horte à la main.
Merci pour toutes les petites Madeleine de l’année 2010 !
Philibert