Dans le cadre de sa rubrique Point Presse, Marie Anne Page, m’a demandée pour son site Couleurs Saisons, de lui parler de l’évolution de la gastronomie sur le net et ailleurs. Vaste programme. (Couleurs saisons est un véritable magazine sur les tendances en Hôtellerie Restauration). A vous de dire ce que vous pensez de cette interview et surtout d’apporter vos propres commentaires…
|
Créée en 2000 par Thierry Bourgeon, ancien Rédacteur en Chef et initiateur de toute la partie Multimédia de Radio France, « La Radio du Goût » modèle et référence en son domaine, est le seul site qui associe des articles sur le monde de la gastronomie et du vin avec des reportages radio.
Rencontre avec un précurseur du multimédia, dont la longue expérience du Net le classe parmi ses «historiens» et un amoureux, toujours, de ce qui se rattache aux métiers de la table. |
Couleur Saisons : Si vous deviez classer l’évolution des sites Internet sur la gastronomie en quelques grandes étapes, comment les définiriez vous ?
Thierry Bourgeon: 1/ Des recettes de grand’mère à la cuisine branchée.
Je crois avoir été l’un des tous premiers à lancer un site internet sur ce thème. A l’époque nous avons créé également les sites de toutes les chaînes de Radio France.
Surprise en constatant que la Web Radio du Goût faisait jeu égal avec France Inter en terme de visiteurs. Il y avait là incontestablement un phénomène qui se confirmera les années suivantes. L’histoire l’a prouvée: en période de crise la cuisine est une valeur refuge.
2/ Dis moi ce que tu cuisines j’en ferai ma tambouille.
Sur la toile se sont multipliées les recettes fournies pas les internautes eux-mêmes et utilisées par la suite par des petits malins qui n’ont pas eu à payer de droits d’auteurs. Ils ont gagné beaucoup d’argent en revendant leurs bases de données sur le dos des gourmands bénévoles. Ce n’est pas fini mais la formule s’essouffle. A la bourse des valeurs «Facebouche» n’aura qu’un temps. |
3/ Et si on cuisinait intelligent
Heureusement des sites et des blogs se sont professionnalisés, thématisés, personnalisés, et même humanisés… Pour qui sait trouver il y a là une mine d’or, une invitation au plaisir.
4/ Et si on rêvait
La gourmandise ne sera plus un péché mais une valeur capitale.
C.S : Est-ce à votre avis, lié à l’évolution du « lectorat », de ses attentes ?
T.B : Le succès de la cuisine sur le net n’est pas seulement une mode, c’est un plaisir virtuel qu’on s’offre sans compter. C’est le lectorat qui décide. Internet ne fait pas l’opinion. La toile ne fait qu’amplifier des phénomènes. |
C. S : La vision du métier….Pensez vous que la démultiplication constante de sites et blogs autour de la cuisine aide à sa valorisation ?
T.B : Trop d’infos tue l’info certes mais informer et informer, il en restera toujours quelque chose. On n’arrêtera pas l’évolution d’internet, son influence dans la cuisine comme ailleurs. Cette évolution peut aider à la valorisation.
Tout est problème de choix, d’interprétation. L’important est de tirer sa pipette de ce trop plein, de savoir reconnaître les sites et les blogs qui valent le détour. C’est une question de culture. Aux consommateurs de faire le tri. Personnellement je reçois chaque jour près de 300 mails liés au goût. Je n’en retiens qu’une vingtaine quotidiennement. |
C.S : Que dit un professionnel chevronné comme vous face à ce déferlement de commentaires, de photos émanant de personnes qui n’ont pas toujours le recul nécessaire ? (de connaissance sur le métier de cuisinier ou de pâtissier).
T.B : J’ai déjà un peu répondu. Pour compléter je dirais: peu importe au fond la qualité de l’émetteur. C’est celle du récepteur qui compte. C’est pour mieux parler aux attentes que j’ai passé mon CAP de cuisine chez Ferrandi et un diplôme d’œnologie il y a quatre ans. Ai-je pour cela le recul nécessaire? |
C.S : Vos articles et portraits mettent en lumière des professionnels en France et à l’international. Remarquez vous certaines lignes conductrices ? ou qui pourraient faire partie de tendances?
T.B : Tous les pianos de la planète jouent la mélodie du bonheur. Tout le monde met en avant ses «bons produits»pour locavores forcenés.
Qu’importe, c’est l’économie qui impose la partition, allonge les rayons du bio, multiplie les plats sous vide, les food trucks et les fast food. Mais chaud devant! La grande tendance qui s’annonce est beaucoup plus profonde.
Démographie et couche d’ozone aidant, les légumes prendront le dessus dans notre alimentation au détriment des viandes et des poissons. De nombreux grands chefs sont déjà partis au marché. L’Inde par exemple va en inspirer plus d’un. Ce ne sera pas la victoire des végétariens ou des végétaliens mais celle de la raison.
Personnellement je le regretterai un peu, mais c’est une évidence. Et je me suis déjà mis au travail dans cette direction. |
C.S : Occasion de vous poser une dernière question, à savoir le « Coup de cœur » récent de Thierry Bourgeon, ou une découverte culinaire…
T.B: Les fruits du Barry (lien vers l’article) ou l’art de produire en quantité des pommes sublimes du côté du Lot et Garonne et dans la foulée, le foie gras braisé à la golden que j’ai dégusté chez Michel Doussau à Agen (lien vers l’article).
En Colombie Britannique, la remontée des saumons du Pacifique dans les rivières au dessus de Vancouver où les hommes ont créés des chenaux de fraie qui sauvent les espèces naturelles (lien vers l’article )
Et pour finir en beauté cette bonne soupe veloutée faite maison avec les potimarrons et les panais de mon potager du Périgord. |
Nota C.S : en parlant du potager de Thierry…
Pour celles et ceux qui ont envie de faire une escapade en Périgord, une adresse à recommander, la sienne ! …il vit à quelques kilomètres de Sarlat.
Avec sa femme Catherine, ils ont rénové (merveilleusement et dans le pur style de la région), un hameau, «Le Clos Marot» avec plusieurs maisons entourées d’un parc et une piscine, donnant sur la vallée et le village de Saint-Cyprien.
Lien vers le site du Clos Marot
Le lien vers la rubrique du site
|
Oui, Merci à Thierry pour sa contribution.
Vu son parcours, c’est vrai qu’il fait partie des historiens du Net! et (entres autres), sa vision des grandes phases est très intéressante.
Amitiés, Marie Anne
Très belles réflexions sur ce sujet maintes fois abordées.
Thierry Bourgeon est au cœur de cette évolution, alors écoutons ses paroles.
Sympa !