Sébastien Bras, à la tête du restaurant « Le Suquet » à Laguiole depuis 10 ans, veut avoir « l’esprit libre, sans tension ». Il rend ses trois macarons au Michelin pour reprendre son souffle.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, il explique avoir pris cette décision « en accord avec toute sa famille ». Le Suquet a été honoré d’une troisième étoile en 1999.
» Aujourd’hui, dit-il, nous souhaitons avoir l’esprit libre, pour continuer sereinement, sans tension, à faire vivre notre Maison avec une cuisine, un accueil, un service qui sont l’expression de notre état d’esprit, de notre territoire ».
Pour le fils de Michel Bras,fondateur de l’établissement en 1992 lequel a été élu chef le plus influent du monde en 2016 par le magazine « le chef », il ne s’agit pas d’une charge contre le Michelin, selon son responsable de la communication. Mais seulement d’une libération dont il accepte les inconvénients, notamment à terme, la perte de notoriété.
« Peut-être que je vais perdre en notoriété mais je l’accepte, je l’assume », affirme Sébastien Bras. Pour lui avec le temps, la pression de 18 ans de 3 étoiles au Michelin était devenue trop forte.
« On est inspecté deux à trois fois par an. On ne sait pas quand. Chaque assette qui sort est susceptible d’être inspectée. C’est à dire que chaque jour, une des 500 assiettes qui sort de la cuisine peut être jugée »
Selon le chef, malgré le retrait, le client ne devrait « pas voir la différence ». Comme il le fait depuis toujours, il appliquera son précepte : « Je suis, rappelle-t-il un fervent défenseur de la cuisine du vivant ». C’est pourquoi, il continuera à réimprimer sa carte quotidiennement et « à créer tous les jours ».
« C’est la première fois qu’un chef nous demande de ne plus figurer dans le guide, nous en prenons acte et nous respectons », a déclaré Mme Dorland-Clauzel, membre du comité exécutif du groupe Michelin, précisant toutefois que le retrait ne serait « pas automatique ».
« Les équipes vont examiner la demande, nous allons réfléchir à ce que nous allons faire », a-t-elle dit. « Le guide Michelin n’est pas fait pour les restaurateurs, mais pour les clients, son indépendance réside aussi dans l’attribution des distinctions. »
Avant Sébastien Bras, d’autres chefs ont renoncé à la course aux étoiles. En 2005, le chef Alain Senderens, au Lucas Carton, avait renoncé aux trois étoiles du guide, mais parce qu’il « avait changé de concept », a souligné Mme Dorland-Clauzel. En 2006, Antoine Westermann avait fait de même. En 2008, Olivier Roellinger avait, quant à lui, fermé son restaurant trois étoiles à Cancale.
laradiodugout.fr avec AFP