De la chimie au dessert : les consommateurs roulés dans la farine de caroube par Bruxelles, n’hésite pas à tirer en gras notre confrère « Le Canard enchaîné » (30/6). Tout en relatant que les agents de la répression des fraudes ont dû se pincer en lisant cette note récente de leur direction leur demandant expressément de « suspendre les procédures de rappel « des produits alimentaires souillés par l’oxyde d’éthylène ! Cette friandise chimique cancérigène susceptible d’affecter l’ADN et la reproduction humaine, est pourtant interdite dans toute l’Union européenne.
L’ETO se resserre (suite)
ETO, de son petit nom, utilisée hors Europe, comme anti-moisissures dans les silos de stockage et les cales des bateaux, a été détectée d’abord dans des graines de sésame, mais aussi repérée dans la farine de caroube, comme nous l’indiquions dans notre écho d’actualité du 29 juin intitulé « Les glaces ont les boules », un autre ingrédient mondialisé dont l’industrie alimentaire use à tour de bras pour fabriquer ses gélifiants et autres épaississants.
Cette montagne farineuse importée de Turquie, via la multinationale américaine Cargill, a non seulement fourni une farine douteuse à l’industrie de la glace européenne, mais elle a aussi fourni l’additif qui a contaminé au moins 2000 tonnes de sucre gélifié, utilisée pour la fabrication des confitures. No comment. « Comme chaque fois, l’information est distillée au compte- gouttes », s’agace Ingrid Kragi, de l’association Foodwatch.
Biscuits, pâtisseries, crèmes glacées, confitures…cette farine infectée est un vrai cauchemar pour la grande distribution et l’agroalimentaire de 11 pays européens. Or, la Commission européenne vient de proposer qu’au-dessous d’une certaine quantité d’ETO détectée – 0,02 mg par kilo -, et à condition qu’ils aient été fabriqués avant l’alerte sur le caroube, que les produits puissent continuer d’être commercialisés comme si rien n’était.
Pour prouver que leurs aliments sont sûrs, les industriels n’auront pas à fournir la moindre analyse…
Si Bruxelles se montre soudain aussi coulant, c’est parce que l’agroalimentaire a pointé un vide juridique dans la réglementation, explique « Le Canard ». Si en l’état, l’oxyde d’éthylène est interdit dans les matières premières, rien n’indique dans les textes qu’il en est de même pour les produits transformés. En attendant que l’Europe tranche définitivement la question, la DGCCRF a donc préféré prendre les devants en donnant de nouvelles consignes à ses agents. Pourtant, et toujours dans le même document interne, la Direction des fraudes, à propos de l’ETO, écrit noir sur blanc, qu’il est « impossible d’établir un seuil de dose au-dessous duquel n’existerait aucun risque pour la santé ».
Sans doute une question de blé… dans cette sombre affaire de farine ?!
Christian Duteil/ juin 2021/laradiodugout.fr