la dégradation de la ferme France (l’Express)
La ferme France est de moins en moins compétitive et les excédents commerciaux agricoles fondent. Et si on reparlait de planification, s’interroge « L’Express ».
François Bayrou a chaussé ses bottes en caoutchouc. A la mi juillet, le haut-commissaire au Plan a publié une note sur la reconquête de la souveraineté alimentaire. « Le monde a besoin de nourriture en quantité et qualité. Or la France, qui fut un grand pays exportateur, perd du terrain depuis le début des années 2000. C’est inacceptable », s’est insurgé le maire de Pau, qui s’affirme « passionné d’agriculture ».
Parmi ses sources d’inspiration, on trouve un rapport de la Coopération agricole (fédération de coopératives du secteur) remis récemment à l’Elysée et qu’on a pu se procurer. Cette étude prospective de 50 pages pointe une réalité alarmante : depuis vingt ans; l’excédent de la balance commerciale alimentaire française ne cesse de fondre, la croissance des importations (123%) ayant été nettement plus rapide que celle des exportations (75%). Entre 2011 et 2017, le surplus a même été divisé par 2. S’il est inévitable d’importer du café, cacao, avocats ou ananas, le déficit criard sur des secteurs comme les tomates fraîches et transformées; les poulets, porcs et bovins désossés, les chips, les bières et pâtes… est difficile à avaler. Seuls les vins et les spiritueux nous sauvent. Comme d’hab !
Et le Béarnais, chef du Modem, de reprendre à son compte une prévision du sénateur (LR) de la Haute-Loire Laurent Duplomb : « A ce rythme de décroissance, notre pays pourrait constater son premier déficit agricole en 2023 » Historique. Et surtout très inquiétant. Il est urgent d’agir et non plus de s’agiter en coulisses. D’autant plus que » La souveraineté alimentaire ne se limite pas à satisfaire nos besoins par nous-même, avertit Dominique Chargé, président la Coopération agricole. Au sens large, c’est la capacité à décider de l’orientation d’un système alimentaire. Une vision globale, ambitieuse et à long terme. Actuellement, le gouvernement corrige les dysfonctionnements ponctuels. Il faut un plan stratégique.»
Le mot est lancé et il ne suffit pas de mettre comme le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, sur la table 1,2 milliard d’euros pour la relance alimentaire. « Nous pouvons prévoir un débat national pour réconcilier production et écologie, et fixer des objectifs à cinq et dix ans, anticipe François Bayrou qui a sans doute en tête le plan Monnet de l’après-guerre qui a modernisé avec succès les campagnes. Il précise l’enjeu : « La reconquête de la souveraineté sera un grand thème de la présidentielle. » Un projet déjà présenté par Emmanuel Macron, qui martelait lors du Grand Rendez-vous de la souveraineté alimentaire organisé le 18 mai : « Il n’y a pas de grand pays sans agriculture forte ».
Restaurer la puissance agricole, un engagement idéal et consensuel pour mobiliser l’opinion… Les confinements tant accentué l’appétit des Français pour les produits locaux, le chef de l’Etat ne prendrait guère de risque à lancer ce vaste chantier, conclut, avec bon sens, notre consoeur de L’Express, Marie Nicot.
Christian Duteil/août 2021/laradiodugout.fr