La France n’a pas de pétrole, mais elle a des insectes. Notre ministre de l’Agriculture l’a fièrement annoncé à l’Assemblée nationale : nous sommes « en passe de devenir l’un des leaders mondiaux dans la production d’aliments à base d’insectes ».
En mai dernier, Julien Denormandie, flanqué de sa collègue de la Transition écologique, Barbara Pompili, inaugurait près d’Amiens (Somme) la plus grande « entoraffinerie » du monde : une ferme à insectes de 45 000 m2.
A partir de ce mois de décembre, la start-up française Ynsect produira chaque année 100 000 tonnes de farine fabriquée avec des larves de scarabée Molitor. La montagne de farine produite – 200 000 tonnes dès 2025 – sera donnée à becqueter aux saumons, truites, carpes et crevettes d’élevage.
Un peu plus loin, dans le même département de la Somme, une autre start-up française, Innova-Feed, veut nourrir les cochons avec de l’huile de mouche. Depuis juin, des porcelets des Hauts de France reçoivent dans leur auge un complément alimentaire à base de larves de mouche soldat noire. Une matière première qui, une fois congelée, broyée et déshydratée, produit à la fois de l’huile pour les porcs et les volailles et de la protéine en poudre destinée aux fermes aquacoles.
Julien Denormandie, – qui mise à fond sur l’entomoculture pour remplacer dans les élevages industriels le soja massivement importé d’Amérique latine, a rallié à sa cause Barbara Pompili. L’agroalimentaire travaille désormais à nous fourguer des insectes directement dans l’assiette. En juin, après que l’autorité sanitaire européenne a donné son feu vert, Bruxelles a permis l’inscription à nos menus du ver de farine.
Et c’est encore, précise notre confrère « Le Canard enchaîné », une start-up française, Agronutrisd, qui a décroché une exclusivité pour cinq ans, dans le cadre du règlement relatif aux « novel foods » (« nouveaux aliments »). Réduite en poudre, la larve de scarabée Molitor sera incorporée dans des biscuits, des pâtes, des burgers, des plats cuisinés. Une protéine animale a un coût défiant toute concurrence, puisque la larve nourrie avec des écoproduits des sucreries betteravières multiple son poids par 10 000 en quatorze jours .
Les cochons et les poulets de batterie peuvent aller se rhabiller !
Christian Duteil/décembre 2021/laradiodugout.fr