La Cuisine au féminin

Marocaine de naissance, Meryem Cherkaoui est une ancienne de l’Ecole Bocuse, qui après avoir fait ses armes au Majestic à Cannes (puis au Crillon à Paris), est maintenant installée à Casablanca, aux fourneaux du restaurant gastronomique «La Maison du Gourmet» créé avec son mari Philippe Pesneau.

Lui est Chef de métier, mais a préféré prendre en charge la partie salle et sommellerie pour donner toute la latitude à sa femme pour officier en cuisine.

Meryem et Philippe : un couple lumineux, chaleureux, où chacun à trouvé sa place sans empiéter dans le «territoire» de l’autre.

Meryem Cherkaoui © Lamaisondugourmet

L’objectif de Meryem ? développer une carte où l’on retrouve les saveurs marocaines et leurs grands classiques, teintés, peu à peu, de sa culture et de sa technique française.

Cela donne une cuisine fine et éminemment personnelle, riche de sa double culture.

Arrivés à Hanoi après de nombreuses péripéties (voir la rubrique «Les tribulations d’un Festival»), Meryem est Philippe ont régalé l’assistance d’une gastronomie ensoleillée, faisant découvrir à bon nombre d’entre eux les vertus du citron confit ou les délices de la glace à la corne de gazelle…

En cuisine, malgré la fatigue d’un (très) long voyage, une belle grippe et la pression de l’événement, elle est toujours restée souriante et d’un calme olympien.

Sous son aspect «fragile» et sa minceur de liane, Meryem a des idées bien arrêtées à l’égard de son métier et de comment l’exercer.

Meryem *: «Moi, je trouve que le monde des femmes chefs et des hommes chefs, c’est pareil. Mais je ne sais pas si c’est la même chose dans tous les milieux.

Je n’ai jamais pensé que parce que je suis une femme, je suis différente des autres. Dire que c’est un métier dur, masculin, ce n’est pas du tout mon cas. Je suis une professionnelle.

Meryem avec l’équipe du Sofitel Metropole © SofitelMetropole

J’ai travaillé dans des brigades où il n’y avait que des hommes en ayant toujours réussi à m’imposer. Au début à «La Maison du Gourmet», je ne prenais que des hommes. Cette année j’ai engagé des femmes pour la première fois, une en pâtisserie, une autre aux légumes. Les filles font des choses plus compliquées, minutieuses, plus que les hommes, cela je ne l’avais pas vu avant. Cela m’a permis d’avoir un point d’équilibre parfait en cuisine.

Et les hommes font plus attention à ce qu’ils disent.

Ce que je peux remarquer, c’est le regard des gens, des clients. Une femme, cela les intrigue, ils s’attendent à une certaine génération, quelqu’un de plus âgé. C’est le seul truc qui m’a toujours gênée «En plus, elle est jeune !» (Pourquoi cela serait différent ?), «Et comment vous faites pour ne pas prendre des kilos ?».

Je réponds que je bouge et travaille beaucoup.

On peut être un homme et ne pas avoir de caractère. Moi, j’ai toujours respecté les autres, quand je n’avais pas la position pour parler et après, quand j’ai pris la position de chef. Dès mes débuts, je faisais mon travail très bien pour que l’on ne me reproche rien et je ne me suis jamais dit «je suis différente».

« Quand je suis dans mon travail, je ne pense à rien d’autre. Il y a un moment pour chaque chose, j’ai toujours séparé la maison et le travail et avec Philippe, on n’a jamais empiété.»

Meryem et Philippe

« Il y a aussi l’esprit des femmes marocaines, elles sont battantes et ne se laissent pas faire. Et puis ici le milieu est accessible, on en parle dans les magazines, on peut faire des concours, des stages, cela incite la curiosité des femmes pour aller en cuisine. »

* Extrait du dossier de village dechefs

Le site de « La maison du Gourmet »