Après un petit muscadet sur le zinc lustré d’un bistro à la santé de notre Premier ministre, il faut quitter Nantes et gagner la proche campagne, là où la pluie des flaques fait floc floc dans les pompes et où les bas de jeans se mettent en tenue de camouflage façon argile sablonneuse. A quelques kilomètres, s’étalent des cultures maraîchères de toutes sortes car bien sûr on ne fait pas ici, en pays nantais, que de la mâche loin s’en faut. Aussi avant d’aller plus loin, quelques points de repères sur ce que représente la filière fruits et légumes frais dans notre pays. Attention, c’est bien plus vaste qu’il n’y paraît et on peut être heureux de constater combien notre pays a encore cette forte identité paysanne avec ses deux pieds bien plantés comme une botte de poireaux et le pif pointé dans la direction du vent qui vous décoiffe. Les fruits et légumes frais en France, c’est d’abord 117 000 entreprises employant 653 000 salariés dont 455 000 saisonniers. C’est déjà une première raison pour laquelle nos chères têtes blondes mais surtout leurs parents devraient se pencher sur l’utilité de faire le meilleur usage de ce que la nature nous réserve car pour remplir nos assiettes de santé et de saveur, il y a tout de même pas mal de gens qui se lèvent tous les matins de très bonne heure.
Et puis, un champ de belles pommes de terre, de radis croquants, de généreux choux fleurs à perte de vue, ces planches de mâches verdoyantes alignées l’une contre l’autre, c’est quand même autre chose qu’un paradis fiscal. Finalement, les tropiques, c’est comme les établissements bancaires, ça reste toujours un peu déprimant. Rien de tout ça en pays nantais, la pluie vous fait repousser les cheveux et la terre est basse.Au niveau de la consommation (hors pommes de terre), et selon les chiffres de 2011, 13,08 milliards d’euros de chiffres d’affaires pour une production de quelques 10 300 000 tonnes de fruits et légumes, soit environ le poids d’un peu plus d’un millier de Tour Eiffel… ou si vous le préférez le poids total de 25750 rames de TGV bien pesées. Quelques chiffres encore : 42 000 exploitations fruitières, 38 200 exploitations légumières, 200 coopératives, 1250 grossistes, 14 600 primeurs et plus de 300 entreprises d’expédition et d’exportation. Voila pour les chiffres qui montrent s’il en était encore besoin toute l’importance de ce secteur économique majeur pour la France. Alors, même si notre
pays n’est pas le premier pays producteur de fruits et légumes en Europe, la part qu’il réserve à l’exportation est plus que significative et impose des règles toujours plus précises, qualité du produit mais aussi traçabilité sur un marché sans cesse plus tendu et exigeant.