Si la faim est une arme qui n’a cessé d’être utilisée en temps de guerre pour faire plier l’ennemi, les nazis portèrent à un niveau inédit de criminalité l’organisation de la faim au sein de leurs camps de concentration.
Dès lors que, le 15 décembre 1942, Himmler eut, pour optimiser les performances des déportés, préconisé de gratifier ceux-ci d’une nourriture plus “saine”, les nazis s’employèrent à une évaluation scientifique de la résistance physique des détenus, au calcul vétilleux des calories et des rations alimentaires au nom d’un ordre biologique supérieur impliquant la transformation des victimes en “sous-hommes” exploitables à merci puis “retraités” au titre écologique de déchets organiques.
Aussi terrifiante et scandaleuse qu’en aient été les manifestations sous le joug nazi, pareille économie exterminatrice n’était cependant pas totalement inédite au regard de l’instrumentalisation de la faim orchestrée, à la fin du xviiie siècle, par l’avènement d’une ère industrielle contraignant des populations entières à travailler en usine pour échapper à l’inanition.
Bien que les temps aient changé, d’autres pratiques continuent d’assujettir les populations en prenant en otage le fait alimentaire. Comment, en effet, ne pas s’interroger sur l’industrie agroalimentaire qui favorise une libéralisation croissante aux fins d’une criminelle mise sous tutelle économique du vivant et des denrées planétaires, érigeant ainsi l’appétit en un redoutable instrument politique de domination ?
L’organisation criminelle de la faim
Auteur: Olivier Assouly
Editeur: Actes-Sud
Parution: Octobre, 2013
Prix: 20, 00€
208 pages
ISBN 978-2-330-02468-0