Les Rêveries d’un gourmet solitaire

Le manga Les Rêveries d’un gourmet solitaire, sorti le 23 mars, est une ode aux repas. Et particulièrement à la nourriture japonaise. En quelques pages, à travers un restaurant, l’auteur Jirô Taniguchi nous raconte le Japon. Le principe est toujours le même. Le gourmet solitaire, en balade, a un petit creux. Il s’arrête dans une gargote, à tout heure du jour ou de la nuit. Le plat est alors dessiné et légendé, presque comme un schéma. On en a l’eau à la bouche : « nouilles de ramen, jaunes, fines et bouclées, bouillon à la façon du Kansai, autrement dit : léger »

Le gourmet s'apprête à déguster un su-râmen dans sa ville natale, Tottori

Le gourmet s’apprête à déguster un su-râmen dans sa ville natale, Tottori. ©Amélie Petitdemange.

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« Le Gourmet solitaire porte bien son nom. Pour manger ce qu’il veut, comme il veut et quand il veut, la seule chose qui lui importe, c’est de n’être lié par aucune obligation », explique l’essayiste Yôko Hiramatsu dans la postface des Rêveries. « Il disparaît soudain, pour n’être dérangé par personne. C’est pour cela qu’il veut manger seul. Un solitaire magnifique. Parfois il se rate et assaisonne son repas de regrets, ou bien il transforme une modeste assiette de légumes sautés en une rencontre unique »

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Au fil de ses pérégrinations culinaires, on découvre la société japonaise. Dans Le Gourmet solitaire, 1er tome construit à l’identique, il entre dans un restaurant de sushis à 17 heures. Une fois à l’intérieur, malaise : il n’y a que des femmes dans la salle. « Mais où me suis-je fourré… », se demande le gourmet. Tiraillé par son estomac, il se laisse pourtant entraîner. Il déguste alors ses sushis ôtoro (au thon gras), ses manteaux de saint-jacques et daurade, ses ormeaux, ses oursins… oui, le gourmet a un appétit sans fin !

Et une fois le ventre plein, il disserte : « Finalement… ces femmes… Elles ont mangé à 17 heures ! Leur mari rentre du boulot, les gosses reviennent de l’école, maman prépare à manger, mais elle n’y touche pas. J’imagine qu’elle leur dit : « j’ai pas très faim »… Et ce qu’elle a fait de son après-midi, c’est son secret…. ».

Dans un nomiya, petite gargote qui sert des amuse-gueules salés dès 9 heures du matin, ce sont les bas-fonds de Tokyo qu’il découvre. La nourriture n’y est que prétexte à consommer de l’alcool dès la première heure du jour. Or notre gourmet ne boit pas. Il ingurgite en vitesse son Unagi-don (bol d’anguilles grillées sur du riz) avant de s’échapper de ce débit de boisson.

A contrario, le gourmet solitaire a aussi une influence sur la société, assure Yôko Hiramatsu : « L’expérience culinaire d’exception vient rarement à celui qui la cherche. C’est plutôt en s’attachant fermement au premier degré des bonnes choses qu’on trouve le goût ultime ».

Un extrait du chapitre 1 des Rêveries d’un gourmet solitaire ©Casterman

A l’oreille, c’est pas mal non plus !

 

Amélie Petitdemange. Avril 2016/laradiodugout.fr

Les Rêveries d’un gourmet solitaire
Auteurs : Jirô Taniguchi et Masayuki Kusumi
Editeur: Casterman
Prix : 16,95 euros
144 pages
Parution : 23/03/2016
ISBN : 9782203098237

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