L’histoire de cet illustre cuisinier qui se prénommait Marie Antoine, bien qu’il ait signé ses ouvrages Antonin Carême débute comme un roman noir.
Il est né à Paris le 8 juin 1784 dans la misère. A tel point que son père accablé par la pauvreté va l’abandonner tout petit. Le destin va le mener chez un gargotier, qui va lui donner ses premières leçons culinaires.
Carême a quinze ans lorsqu’il rentre chez un restaurateur, en qualité d’aide de cuisine. Extraordinairement doué il passe très vite chez le célèbre pâtissier Bailly, rue Vivienne, qui avait pour client un certain Talleyrand qui mettait la gastronomie au service de la diplomatie.
Carême, repéré par notre illustre homme d’état, travaillera douze ans à son service. Après quoi il sera appelé comme chef de cuisine chez le prince régent d’Angleterre où il va demeurer deux ans. Puis le voici à Saint-Pétersbourg avec l’empereur Alexandre, à la cour de Vienne, à l’ambassade d’Angleterre, au Congrès d’Aix la Chapelle, chez la princesse Bagration, chez lord Stewart et enfin chez le baron de Rothschild, où il passe plusieurs années et dont la table est considérée à l’époque comme la première d’Europe. Le prince de la finance lui proposera un véritable pont d’or pour qu’il vienne diriger les cuisines du château de Ferrières qu’il vient d’acheter. Il ira même jusqu’à lui assurer qu’il pourra y prendre sa retraite. Rien n’y fait, Carême, épuisé par trente années d’effort incessant, déclinera l’offre. Il souhaite finir ses jours dans un humble logement à Paris et poursuivre ses travaux d’écriture. Malade, il dictera jusqu’au bout à sa fille, sur son lit de mort, des notes admirables. Carême meurt, à moins de cinquante ans, le 12 janvier 1833.
Il disparaît pauvre mais laisse derrière lui une série d’ouvrages remarquables :
– Le Maître d’hôtel français, ou parallèle de la cuisine ancienne et moderne, considérée sous le rapport de l’ordonnance des menus à servir, selon les quatre saisons, à Paris, à Saint-Pétersbourg, à Londres et à Vienne par Carême , etc., 2 vol. in-8° ;
– Le Pâtissier royal parisien, ou le traité élémentaire et pratique par Carême, etc. ; 2 vol. in-8°. Nouvelle édition, ornée de quarante et une planches, par l’auteur ; 2 vol.in- 8°, etc ;
– Le Cuisinier parisien,par le même. Nouvelle édition, 1 vol.in-8°.
– L’Art de la cuisine au dix-neuvième siècle, par Carême, 5 vol. in-8°.
– Le Pâtissier pittoresque, par le même ; orné de 128 planches par l’auteur, etc. ; 1 vol.in-8°.