Prince des Gastronomes certes mais surtout un géant de l’écriture culinaire et de…l’humour.
Et pourtant tout avait commencé très mal pour Maurice Edmond Sailland, né en 1872 à Angers sa mère meurt et son père l’abandonne. C’est sa grand-mère qui va l’élever.
Il rêve d’être journaliste. Il a 18 ans. Il monte à Paris pour préparer Normal-Sup.Il veut se trouver un pseudo ce sera Curnonsky, du russe cur (pourquoi) et du latin non (pas) ce qui signifiait pourquoi pas. Le ton est donné!
Il écrit dans divers journaux et va devenir entre autre un des « nègre » de Willy, le premier mari de Colette Du haut de ses 1m85 et de ses 12Okgs il devient un apôtre des gastronomades, adeptes du tourisme gourmand et d’un âge régionaliste qui transforme le territoire en terroir.
Avec son ami Marcel Rouff, il entreprend la rédaction d’une série de brochures sur la cuisine régionale et les meilleures tables de France. Curnonsky, enthousiaste et débonnaire, assez chauvin ; prescripteur d’étapes goûteuse sur la nationale déjà balisée par le Guide Michelin.
Il est élu « prince des gastronomes » par la revue « Le bon gîte et la bonne table » en 1927.
Il écrit plusieurs ouvrages sur la cuisine : » Les recettes des provinces de France » avec A de Croze en 1933 et « Les fines gueules de France » avec P. Andrieu en 1935. Curnonsky était un ami des arts et des lettres. En 1930, il fonde « L’académie des gastronomes ».
En 1939 il quitte Paris et s’installe en Bretagne dans une auberge tenue par une vieille amie, excellente cuisinière, à Riec-sur-Belon. Il y restera jusqu’à la fin de la guerre.
A la Libération, il regagne son appartement parisien et reprend ses activités de journaliste. En 1946 il fonde la revue « Cuisine et vins de France ». Le 22 juillet 1956 il tombe par la fenêtre de son appartement et meurt, sur le trottoir. Il allait fêter ses 84 ans.
Parmi ses plus belles citations :
– Dans le mieux, il est difficile de faire mieux; mais, dans le pire, il est toujours facile de faire pire
– La cuisine, c’est quand les choses ont le goût de ce qu’elles sont.
– Le secret d’une bonne santé: la pratique raisonnée de tous les excès et l’abstention nonchalante de tous les sports
– La cuisine du Périgord est sans beurre et sans reproche
Et surtout celle-ci laissée parait-il sur un livre d’or à la demande pressente d’un restaurateur chez qui il venait de dîner : « Si le potage avait été aussi chaud que le vin, le vin aussi vieux que la poularde et la poularde aussi grasse que la maîtresse de maison, cela aurait été presque convenable ». Redoutable Curnonsky !
Thierry Bourgeon.
(Dessin d’après Georges Villa)