Sous les couvoirs, la pintade s’entasse… avant de s’affiner
Importée d’Afrique du Nord par les Grecs et les Romains qui l’utilisent comme offrande aux dieux et l’élèvent en basse-cour, elle est nommée « poule d’Inde » au Moyen Âge puis « poule du pharaon » et « pintade » lorsqu’un navigateur vénitien au service du Portugal en ramènera un spécimen d’Afrique de l’Est. Elle est donc originaire d’Afrique où elle vit à l’état sauvage sur la majeure partie du continent. Des populations férales (retournées à l’état sauvage) existent sur l’île d’Haïti, dans les Caraïbes.
Elle est introduite au XVe siècle en France qui est le premier pays à sélectionner des pintades en vue de les élever, ce qui en fait en 2010 le premier producteur mondial. Elle en exporte aujourd’hui plus de 4 millions par an… jusqu’au Japon. Une filière industrielle et concentrée, puisque les 22 millions de pintades et pintadeaux produits chaque année sortent de seulement quatre couvoirs, précise notre confrère Le Canard Enchaîné. Des installations géantes géantes, où 4000 pondeuses sont entassées par quatre dans des cages riquiqui, sous lumière artificielle. Les pintadeaux tout juste sortis de l’oeuf partent chez un petit millier d’engraisseurs. La totalité des pintades françaises sont issues d’une même souche qui a gardé encore une sorte de « désensauvagement » en dépit de son élevage hyper-industriel en Europe.
Prisée pour sa viande goûteuse, la pintade peut être élevée en basse-cour au même titre que le coq et la poule. Elle a toutefois besoin d’une attention particulière parce que c’est un gallinacé relativement fragile. Il est de plus déconseillé de n’élever qu’une seule pintade puisqu’il s’agit d’un animal grégaire, c’est-à-dire vivant en groupe. La Pintade commune, Numida meleagris, possède une crête cornée sur la tête et des barbillons violets. Elle est élevée pour sa chair, principalement en France, où elle est considérée comme domestique. Ce gallinacé est omnivore ; il se nourrit de verdure, de baies, de graines, d’insectes et autres petits invertébrés, de petits vertébrés (souris, grenouilles…). Bien qu’il soit capable de voler, il est essentiellement coureur.
La réglementation européenne n’a prévu aucune limite de densité pour les pintades et les pintadeaux standards (environ70%, le reste rejoint les filières labellisées ou certifiées), qui sont pourtant de toutes les volailles, les moins domestiquées. Alors que la Commission européenne se tâte pour les intégrer à la liste des espèces qui ne devraient plus être élevées en cage d’ici à 2027.. On peut toujours rêver…
La Pintade est comme le vin, elle s’affine avec le temps. Du moins si on adopte la bonne méthode de conservation. Il faut la placer au réfrigérateur à 4°C en prenant soin de l’emballer dans du papier sulfurisé ou un torchon (enlever le film plastique si la volaille est sur barquette) jusqu’au moment de la cuisiner.
Christian Duteil La Radio du Goût, septembre 2023